Le seuil de réchauffement maximal à ne pas dépasser selon l'Accord de Paris semble bel et bien obsolète, avec un nouveau cap franchi au cours des 12 derniers mois.


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    Alors qu'en 2015, tous les états signataires, dont la France, s'étaient engagés à tout mettre en œuvre pour ne pas dépasser un réchauffement planétaire de +1,5 °C comparé aux niveaux préindustriels, le niveau de réchauffement atteint +1,63 °C sur les 12 derniers mois glissants.

    Ces données, fournies par ERA5 (un programme du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme), peuvent légèrement varier selon les calculs des différents organismes. Mais malgré de petites différences, il est certain que le seuil des + 1,5 °C de réchauffement a été dépassé entre mai 2023 et mai 2024. Pour autant, une seule année ne suffit pas pour tirer des conclusions officielles : il faudrait que ce seuil soit dépassé pendant au moins trois ans pour que l'objectif soit clairement perdu. Cependant, un tel niveau de réchauffement mondial est déjà une indication importante sur l'évolution du climat et un sérieux avertissement.

    Des conséquences irréversibles qui vont impacter les sociétés humaines  

    Rappelons qu'un réchauffement planétaire supérieur à +1,5 °C aura des conséquences environnementales irréversibles selon le Giec : des températures plus extrêmes, sécheresses et crises de l'eau dans certaines régions du monde, davantage d'humidité dans l'atmosphère et donc des inondationsinondations plus fréquentes dans d'autres zones du Globe, une hausse du niveau moyen de la mer, avec pour conséquence, une augmentation globale des migrations humaines.


    Ce seuil que personne ne voulait franchir a été dépassé 12 mois d’affilée !

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 9 février 2024

    C'est désormais officiel, le réchauffement planétaire a atteint pendant 12 mois le seuil que personne ne voulait franchir en raison de conséquences potentiellement irréversibles : +1,5 °C, la limite à ne pas dépasser définie par l'Accord de Paris en 2015.

    Le mois de janvier 2024 s'achève avec un nouveau record et cela finit par ne plus étonner personne : jamais, depuis le début des relevés météométéo, un mois de janvier n'avait été aussi chaud dans le monde. Comparé à la moyenne 1991-2020, l'écart est de +0,7 °C, mais comparé à l'ère préindustrielle qui fait référence pour estimer l'évolution du réchauffement climatique, janvier présente un écart de +1,66 °C. De février 2023 à janvier 2024, l'écart à la moyenne 1850-1900 est de 1,52 °C sur toute la période. Le seuil de l'Accord de Paris est donc atteint, et même, légèrement dépassé.

    L'Europe est l'une des régions où la chaleur est la plus anormale depuis un an

    Au cours des 12 derniers mois, les températures se sont situées au-dessus des moyennes de saisonsaison pour la quasi-totalité des régions du monde, et c'est en Europe que cette anomalie chaude a été la plus marquée (en dehors des pays scandinaves) : +0,85 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020 pour l'ensemble de l'Europe, juste derrière le record inégalé de 2020 (+1,19 °C comparé à la même moyenne). Les autres zones où la chaleurchaleur a été la plus marquante sont l'est du Canada, l'ouest de l'Asie, l'Amérique du sud, l'Afrique et l'AntarctiqueAntarctique. Les températures ont par contre été plus basses que la moyenne dans quelques rares zones de la Planète : une partie de l'Australie, de l'Antarctique, le nord-ouest de l'Inde et l'ouest des États-Unis.  

    L'évolution des températures en janvier dans le monde (en haut), et en Europe (en  bas). © Copernicus
    L'évolution des températures en janvier dans le monde (en haut), et en Europe (en  bas). © Copernicus

    Depuis les années 1970, la température moyenne mondiale augmente en moyenne de 0,2 °C tous les 10 ans !

    Le saviez-vous ? Le réchauffement climatique a été démontré pour la première fois par une femme en.... 1856 ! Découvrez son histoire dans Chasseurs de Science. © Futura

    La température des océans dépasse actuellement le record de l'été dernier

    Au cours de l'année 2023, le phénomène réchauffant El Niño s'est ajouté au réchauffement issu des gaz à effet de serregaz à effet de serre. Il faiblit depuis le mois de janvier, mais les océans ont emmagasiné tellement de chaleur que la Planète continue de se réchauffer à grande vitessevitesse. La température moyenne de surface des océans a atteint 20,97 °C en janvier, la plus élevée jamais enregistrée en janvier ! Mais depuis le 31 janvier dernier, cette température a à nouveau dépassé les 21 °C, elle est donc encore plus élevée en ce début février 2024 qu'elle l'était lors du précédent record absolu en août 2023 ! Les eaux côtières de l'Europe, de l'ArctiqueArctique, de l'Antarctique et le nord du Pacifique ont connu des écarts spectaculaires à la moyenne. D'une manière générale, c'est la chaleur de l'Atlantique nord qui dépasse le plus l'entendement.

    L'évolution de la température de surface des océans au cours des dernières années. © Copernicus
    L'évolution de la température de surface des océans au cours des dernières années. © Copernicus

    Comment le réchauffement va-t-il évoluer en 2024 ? Les émissionsémissions de gaz à effet de serre continuent à progresser dans le monde, et le pouvoir réchauffant d'El NiñoEl Niño est au plus fort un an après sa mise en place (soit au cours de l'été prochain) : la température planétaire va donc continuer à augmenter, et se situera autour des +1,6 °C de réchauffement, selon les premières estimations.