Certaines espèces sont mises à mal par l'augmentation des températures mais ce n’est pas le cas de la mésange charbonnière. Car elle a un secret : sa période de reproduction s’adapte aux variations de température locales.


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    Deux mésanges charbonnières en quête d'insectes. Crédit : Françoise Delestrade

    Deux mésanges charbonnières en quête d'insectes. Crédit : Françoise Delestrade

    Orné de son élégant plumage au ventre jaune parcouru d'une bande noire lui courant du menton à l'abdomenabdomen, le charmant paridé (Parus major)) zinzinule au printemps dans les feuillus, les bosquets, les haies et les vergers, pour délimiter son territoire et surtout attirer un partenaire.

    La période d'accouplement est régie par la nature de façon à ce que les œufs éclosent au moment où la nourriture abonde le plus. Car pour mener à bien sa portée, le couple devra tuer plus de 6.000 larves d'insectes. Considérant l'appétit cumulé d'une population de mésanges, on comprend qu'elles soient les enfants chéris des agriculteurs...

    Mais attardons-nous sur cette faculté d'adaptation. Observée depuis quarante-sept ans par une équipe d'ornithologuesornithologues du CNRS, les mésanges charbonnièresmésanges charbonnières d'une population du boisbois de Wytham, près d'Oxford, ont été baguées depuis 1961 tandis que 10.000 nichées étaient observées chaque année, de mars à mai.

    Mésange charbonnière. Crédit : Sylvain Haye

    Mésange charbonnière. Crédit : Sylvain Haye

    Anne Charmantier, chargée de recherche au Centre d'écologieécologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) et ses collègues de l'université d'Oxford et d'Edimbourg ont déterminé que le décalage de la période de ponte ne répond pas, comme on pourrait le penser, à une sélection naturellesélection naturelle s'opérant printemps après printemps, mais bien à une adaptation individuelle aux conditions climatiques locales. Selon la précocité ou le retard du printemps, la femelle peut décaler sa ponte jusqu'à 15 jours. Et de citer le printemps 2007, apparu très tôt et au cours duquel les mésanges ont pondu très tôt.

    Afin de mieux comprendre le motif de ce décalage, les scientifiques ont collecté des chenilleschenilles appartenant aux espècesespèces dont les mésanges se nourrissent. Bingo ! Leur apparition s'est accélérée de deux semaines en moyenne, favorisée par le réchauffement climatiqueréchauffement climatique.

    Un oiseau météorologue ?

    Mais cela induit une autre question : comment Monsieur et Madame mésange peuvent-ils prévoir à l'avance l'arrivée des premières belles journées, donc du pic d'abondance des chenilles, sachant que l'incubation dure de 13 à 14 jours ?

    La réponse la plus vraisemblable est d'ordre physiologique. Les premières hausses de température activent la production d'une hormonehormone chez la femelle qui stimulerait la reproduction. Et cette théorie est en passe d'être confirmée par une contre-observation, effectuée aux Pays-Bas celle-là. Car si en Grande-Bretagne la première hausse de température arrive au début du printemps, chez leurs voisins d'outre-manche c'est à la fin du printemps qu'elle se produit. Et justement, l'effectif des mésanges charbonnières ne cesse d'y décliner depuis trente ans, "trompées" par de mauvais indices de variation climatique...

    Une chose est certaine, c'est que la mésange charbonnière sera de plus en plus observée pour étudier et affiner nos connaissances face aux processus d'évolution provoqués par le réchauffement global, et ce, sous toutes les latitudeslatitudes.