La baleine pygmée intrigue, tant elle se démarque des autres mysticètes. Nous savons maintenant pourquoi : elle appartient à une famille de cétacés qu’on croyait éteinte depuis 2 millions d’années ! 

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    Cette baleine pygmée Caperea marginata a été trouvée sur une plage néo-zélandaise. Ce mammifère marin vivrait autour de l'Antarctique, dans des eaux à des températures de 5 à 20 °C en surface. © Darryl Wilson

    Cette baleine pygmée Caperea marginata a été trouvée sur une plage néo-zélandaise. Ce mammifère marin vivrait autour de l'Antarctique, dans des eaux à des températures de 5 à 20 °C en surface. © Darryl Wilson

    L'hémisphère Sud abrite une drôle de baleine à fanonsbaleine à fanons. Tout d'abord, elle est relativement petite puisqu'elle ne mesure pas plus de 6,5 m de long, soit bien moins que les 17 m de la baleine franche australe (Eubalaena australisEubalaena australis)). Ensuite, elle possède un museau arqué et froncé, une morphologiemorphologie unique en son genre chez les mysticètes. Très peu de restes fossiles de ses ancêtres ayant été retrouvés, la baleine pygmée Caperea marginata (c'est d'elle qu'il s'agit) reste une énigme pour de nombreux spécialistes, d'autant que sa filiation avec tous les autres cétacés est incertaine.

    Plusieurs études morphologiques et moléculaires ont tenté de résoudre ce dernier problème. Les résultats ont été peu concluants, puisqu'ils tendent à se contredire. Comment expliquer ces lacunes ? C'est simple : Caperea marginata vit en pleine mer, loin des regards. Les quelques individus étudiés en détail ont bien souvent été trouvés morts sur des plages. Ainsi, aucune information concernant les habitudes de vie ou la structure sociale de cette espèce n'aurait été confirmée avec certitude à ce jour. 

    Ces faits ne semblent pas avoir découragé Ewan Fordyce et Felix Marx de l'université d'Otago (Nouvelle-Zélande). Ils ont à leur tour souhaité en apprendre plus sur l'origine de cet animal mystérieux. Après avoir analysé plusieurs individus d'âge variable et quelques restes fossiles, une conclusion étonnante s'est imposée à eux : les baleines pygmées appartiennent à une famille que l'on croyait éteinte depuis 2 millions d'années ! Il s'agirait en quelque sorte de fossiles vivantsfossiles vivants. L'information vient d'être dévoilée dans les Proceedings of the Royal Society B (Proc B).

    Comparaison de la taille de la baleine pygmée par rapport à celle d'un plongeur. C'est le plus petit cétacé à fanons de la planète. © Chris Huh, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 3.0
    Comparaison de la taille de la baleine pygmée par rapport à celle d'un plongeur. C'est le plus petit cétacé à fanons de la planète. © Chris Huh, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    Ses plus proches parents : les baleines franches

    Dans cette étude, 166 caractères morphologiques ont été observés sur le matériel disponible au sein de collections néo-zélandaises. Des particularités jamais décrites auparavant ont alors été découvertes, notamment au niveau du crâne. Des comparaisons ont ensuite été réalisées, en utilisant entre autres des méthodes cladistiques, avec des données récoltées chez toutes les familles vivantes ou éteintes de mysticètes, ce qui représente 23 groupes.  

    La baleine pygmée appartiendrait ainsi à la famille des cétothériidés, un taxon apparu voilà 15 millions d'années et que l'on croyait disparu depuis 2 millions d'années, à tort donc. Ce n'est pas tout ! D'après des données génétiquesgénétiques, leurs plus proches parents feraient partie de la famille des balénidés ou baleines franches. Cependant, les lignées hébergeant ces groupes de mysticètes se seraient séparées voilà 17 à 25 millions d'années ! Cette découverte devrait susciter un regain de curiosité chez de nombreux chercheurs.